François Théry
Producteur à Gavrelle
Grande culture : Pomme de terre, céréales etc.
Surface : 45ha

Interview réalisée le 30 juin 2016 chez lui

Peux-tu nous présenter ton parcours / ta motivation ?

Je suis né à Gavrelle il y a 56 ans de parents agriculteurs. J’ai fait des études d’ingénieur agronome. En 91, j’ai repris la ferme parentale avec mon frère. En 97, nous avons dissout le GAEC et j’ai récupéré 50 ha de terrain sur lesquels j’ai arrêté la culture industrielle, l’irrigation et désintensifié la production et l’économie de ma ferme. Ainsi en 2000, je n’avais plus de dette sur la ferme. En 2005, l’association Terre de Liens a racheté une partie des terres que j’exploite et dont le propriétaire voulait se séparer. Je me suis entièrement converti au bio en 2006 et j’ai arrêté la production de betterave. Je fais maintenant de la chicorée, de la luzerne, de l’endive et des céréales. En 2009, j’ai fait savoir que je souhaitais céder ma ferme j’ai commencé à travailler avec Mathieu Glorian pour travailler au plus tôt cette transmission. Cette année en septembre, je lui céderai environ 10 % de mes terres.


Pourquoi le choix de l’agriculture paysanne ?

Au départ, je travaillais sur un modèle industriel qui était en contradiction avec les principes que je défendais à la confédération paysanne. J’ai donc souhaité me remettre en cohérence avec l’idée que je me fais du métier d’agriculteur et l’idée que je me fais de la place de l’agriculture dans la société (protection de l’environnement, sobriété, emploi). Pour moi, l’agriculture paysanne propose au paysan de travailler avec la nature dans l’intérêt de la société et non d’exploiter ou de combattre la nature pour faire un maximum de profit. J’ai quitté un travail salarié et pourtant, en démarrant avec le modèle industriel, j’avais l’impression d’être à l’usine. Dans un modèle paysan, quand je recherche de l’autonomie, je me sens bien, maître de ce que je fais, épanoui.


Pourquoi es-tu venu à Al’terre Circuit ? Qu’est ce que ça t’apporte ?

Ça s’est fait via le CEDAPAS. J’ai rencontré des militants d’Arras qui voulaient monter quelque chose de concret avec des producteurs. J’ai toujours passé beaucoup de temps dans les engagements associatifs et syndicaux. Ça évite de rester enfermé dans son monde ! Je trouve ça intéressant le temps que se donnent les consommateurs d’Al’terre circuit pour comprendre le métier d’agriculteur et son environnement. La critique du modèle agricole dominant doit venir du consommateur qui a forcément plus de légitimité s’il sait de quoi il parle.


Quels sont les produits que tu proposes à Al’terre Circuit ?

Je vends des pommes de terre uniquement. C’est une infime partie de mes débouchés.


Quels sont tes projets ? Comment vois-tu l’avenir ?

Les années où le temps est comme cette année, j’ai envie de tout arrêter ! Mais je suis convaincu que l’agriculture paysanne est mieux armée que l’agriculture industrielle pour faire face aux changements climatiques à venir. Dans 6 ans, je m’arrête. D’ici là, j’aimerais réduire mon temps de travail, c’est pour ça que j’ai cherché à faire ma transmission de ferme assez tôt.